• Les sphères de la réflexion humaine

    Lorsque Leyla (un des colibris de ma librairie) m'a indiqué un livre intitulé "40 siècles d'ésotérisme" je me suis demandé comment l'homme est-il arrivé à construire cet univers intellectuel. J'ai donc essayé de le formaliser tel que je le ressentais et de le comparer aux mécanismes de certains de nos auteurs préférés. C'est sans doute ma formation de systémiste qui m'a conduit aux réflexions biscornues suivantes. Que n'ai-je le talent de Leyla pour mieux décrire ma pensée.

     Les sphères de la réflexion humaine.

    • Le connu connu : c'est la sphère de l'innée, du scientifique, de l'acquis culturel ou environnemental
    • L'inconnu connu : Ce sont les questions (connues) dont on n'a pas la réponse, ou plusieurs réponses possibles sans pouvoir décider laquelle choisir
    • L'inconnu inconnu : C'est l'imprévisible, même la question n'est pas connue donc encore moins la réponse 

    Notre vie quotidienne évolue dans la sphère du connu connu la plupart du temps. En termes de littérature c'est le domaine du scientifique, du journalisme. Il n'y a pas de place pour l'ésotérisme et sans doute très peu pour l'imaginaire.

    Dès que nous nous "posons", et que notre esprit vagabonde, nous avons tendance à voyager dans la sphère de l'inconnu connu (c'est peut-être le propre de l'homme). C'est le lieu de prédilection de l'ésotérisme, de la philosophie, mais aussi celui des théories scientifiques à leur début avant qu'elles ne passent dans la sphère du connu connu.

    Difficile de dire ce qu’il y a dans l’inconnu inconnu. L’amour ? (il n’y ni questions, ni réponses attendues. On vit, on est …), la foi (si elle n’est pas un héritage culturel) ? Peut-être certains rêves ? Mais dans tous les cas, dès que nous naviguons par l’esprit dans cette sphère, nous nous rabattons sur la, sphère de l’inconnu connu en nous posant immédiatement des questions. Je pense que sans questions l’esprit humain est incapable de fonctionner.

    Par exemple où est situé le roman policier ? S’il est dans la sphère du connu connu c’est une chronique judiciaire. Mais selon les cas il est plus ou moins loin de la frontière entre les sphères de l’inconnu connu (dont il a besoin) et du connu connu qu’il va construire dès que la dernière page sera tournée par le lecteur.

    Quelques cas d’exceptions toutefois. L’apothicaire par exemple qui démarre fort dans l’inconnu connu (voir un premier germe dans l’inconnu inconnu, mais vite transformé par les premières questions) mais dont la fin ne referme pas le roman dans le connu connu. Il reste au lecteur une part de question sans réponse qui reste donc dans l’inconnu connu.

    Le cas Dan Brown : Il est de plein pied dans l’inconnu connu, mais la grande maîtrise de Brown est de rendre floue la frontière entre connu connu et l’inconnu connu. A force d’affirmation on ne sait plus où est le vrai et on peut avoir l’impression de lire une chronique historique ou judiciaire sans vraiment s’en apercevoir. Peut-on voir la Cène de Vinci sans avoir immédiatement à l’esprit son interprétation par Brown. On se fabrique soit même sont connu connu.

    Andréa Japp (dans ses sagas) : Comme tout roman les racines sont dans l’inconnu connu mais en restant sur les bords du connu connu et avec des explications parfaitement argumentées par l’auteur. Pourtant le plaisir de l’imaginaire est tout aussi fort.

    La science-fiction à une démarche à mon avis inverse. Elle part les deux pieds dans le connu connu et transporte le lecteur dans l’inconnu connu en créant des questions sans réponse. Libre à l’auteur d’y répondre avant la dernière page. On peut prendre pour exemple chez Dan Brown « Deception point » qui part d’un élément scientifique connu et qui nous entraîne vers des questions ésotériques (plus, ou moins saugrenues)

     Quand à F. Lenoir, R. Aslan, G. Messadié, peut-être sont-ils partis de la sphère de l’inconnu inconnu (leur foi) pour se plonger dans l’inconnu connu afin de profiter de toutes les questions posées par un être d’exception mais parfaitement inconnu au titre de l’histoire. Ils agissent comme Dan Brown mais avec une démarche digne de Descartes, en utilisant le plus possible d’éléments du connu connu et en « proposant » des réponses. Ils ont à peu près tous l’humilité de préciser que ce ne sont que des propositions de réponse. C’est le lecteur qui est chargé de fixer la frontière entre les deux sphères.

    Les sphères de la réflexion humaine Les sphères de la réflexion humaine

  • Commentaires

    1
    LGLIB
    Samedi 14 Juin 2014 à 09:06

    Merci encore une fois pour vos gentilles paroles Michel, à notre égard.

    La lecture : une passion commune ... Et la systématiser comme vous le faites est très très utile.

    Pour votre information : Je lis actuellement le tome II : Les Sources de G. Messadié est je suis éblouie par tant de connaissance et tant de volonté de recherche - pour approcher la vérité.

    Il y a le sujet mais aussi la méthode. Si sur tous les sujets qui nous intéressent, il y avaient des écrits de cette qualité on perdrait moins de temps pour accéder à la connaissance.

    Bonne Journée, Belles Lectures

    Leyla 

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